Cher Paul,
Nous avons passé encore un merveilleux après midi.
Après avoir déjeuné en amoureux à Eze - La Bella Vista, ce restaurant que nous affectionnons, tant pour sa cuisine que pour que pour son décor
Vue sur la mer du haut de la Corniche au-dessus d’Eze. Je ne citerai que nos délicieux scampis flambés au whisky et le petit loup grillé.
Le tout accompagné d’un délicieux Bandol que tu bois avec de petit gloussement de bonheur, regardant là bas où le ciel et la mer se confondent.
Il faisait un temps splendide et pour nous deux ce fût la fête.
D’abord chez moi dans ce douillet petit meublé à l’ancienne, que j'avais trouvé, niché au cœur du vieux Nice.
Folies des retrouvailles, déclic magique de deux corps si parfaitement accordés au fil du temps.
Il y a maintenant neuf mois que nous nous aimons et c’est à chaque fois la folie ! Pourtant, nous avons frôlé la catastrophe. Ce jour j’ai failli tout gâcher: parce que tout nous sépare.
Tout est inévitablement éphémère de part nos situations, notre âge, nos différences et je doute fort de la pureté de tes intentions à mon sujet mon cher, je ne pense pas me tromper. Même si dans le feu de la passion tu dis aimer aussi ma tête, je pense que tu aimes surtout mon corps
Vois-tu cher petit monstre je ne suis pas dupe d’une certaine indifférence que tu affecte concernant l’intérieur de ma tête. Ce qui me rassure un peu c’est le fait que, en dehors de ton petit monde, femme, enfant, et de ta situation, je jurerais que tu te moque du reste du monde Ce que je ne supporte pas...alors j’ai failli te crier ma colère.
Mais le cher malin, le fou d’amour a bien su faire la pirouette.
Une fois de plus je me suis retrouvée poupée chiffon, et tu ne m’as laissée que meurtrie, chancelante et docile.
Comme d’habitude tu es retournée à ta vie: Au revoir, à vendredi !
Ce soir me voilà à nouveau, avec ma solitude, mes doutes, mes peurs.
La fraîcheur et le silence de la chambre endorment mes souffrances.
Une nuit de plus où le sommeil me surprendra, recroquevillée, la gorge serrée, avec au coin des yeux des larmes échappées de mon cœur si lourd
M.J 1985 .