HISTOIRE D'UN RÊVE FOU
Cet essai fait suite à : "Un amour impossible" ... 45 ans plus tard
ACTE I
Il était là, à la sortie du métro: Issy les Moulineaux. Il lui avait donné rendez-vous quelques jours auparavant. Etonnée, elle ne savait quoi penser, cela faisait si longtemps... Plus de 40 ans!
LE voilà devant elle, il n’a pas changé. Seules quelques mêches grises entourent sa tête brune. Ses yeux sombres l’enveloppent tout entière.
ELLE... Pâle, sans voix, le cœur battant, le regarde et … Chancelle....
Déjà il l’a rattrape, la serre dans ses bras, à son oreille de sa voix basse, innoubliable, il lui murmure…
- " Ma guerrière, comme tu es belle, comment j’ai pu, comment j’ai pu...
Le reste se perd... il dévore sa bouche de long baisers.
Puis il dévisage le visage aimé, renié, mais jamais effacé de sa mémoire. Enfouissant les mains dans la douce chevelure auburn.
Il la re-connait, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils se retrouvent enfin ...
Se dirigent vers ce grand bar d'où, se découvrant ils étaient partis, jusqu'à cette Caserne de Clamard... sans se poser de question... Juste s'aimer.
ACTE II
La voilà jetée sur le lit d'une chambre inconnue, au milieu de nul part.
Elle s’en fout. Il est revenu, Il est là. Enfin !
Ils n’ont pas quitté leurs vêtements, mais rien n’entrave leur étreinte.
Elle niche sa tête dans son cou, reconnait son odeur, sa voix basse qui lui dit et redit:
- "Tu étais la seule à me combler, je ne voulais pas, je devais pas t'aimer.
Et me voilà devant toi, fou de désir, déjà vaincu, incroyable Diablesse!
Les mains de l’homme fouillent sous le manteau, puis sous la robe, cherche son corps, le caresse longtemps pour être sûr de bien la reconnaître.
Elle, sa tête tourne. Elle pleure et balbutie... -" Tu m'a tellement manqué.
... Je te déteste autant que je t’aime, NON je t’aime... plus.
Ses bras entourent le buste de son compagnon, ses jambes entrouvertes se croisent et se referment sur les reins de "son homme".
Un désir fou monte en elle... Qu’il la prenne là… Maintenant.
Mais le réflexe survient : "Attends… la salle de bain… je reviens…
... Il ne la lâche pas.
– "Non, non, restes- là, je te veux, avec ta souille, avec son odeur…
Déjà il écarte le voile de ses dessous et mord sa bouche pour ne plus entendre le moindre refus, juste ses gémissements.
Il est déjà dans son ventre...La tête au creux de ses seins, il est partout.
Comment a-t-il fait ce magicien de l'amour ?
Lorsqu’elle sent qu’il est prêt à jouir alors qu’elle-même glisse vers son plaisir, elle le repousse doucement mais fermement :
- "Regarde-moi, regarde- nous… mon amour, mon seul amour...
Elle semble devenue folle devant la montée de son plaisir...
- "Ensembles, viens mon amour dans l’incroyable, notre petite mort.
Il a cédé et c’est « ensembles » qu’ils vont jouir longtemps, longtemps.
ACTE III
Une sonnerie ? Sur la table basse, le tourne-disque laisse échapper la voix de Ferré qui gueule sa SOLITUDE.
Elle quitte son rêve. Elle s'enroule dans une position fœtale, les mains serrées entre ses cuisses... Une douleur brûlante au fond de son ventre…
Ses doigts glissent, caressent doucement son sexe, jusqu’à l’orgasme libérateur.
Douloureuse, Elle laisse couler ses larmes puisque rien ne pourrait les arrêter.
CE N' ETAIT QU' UN RËVE.... Mais IL était revenu… malgré le temps.
Il était resté le même, tendre, exigeant, virile... Il n’avait pas changé.
Elle entendait son rire, sentait sa présence, si fort, si gai, si vivant.
... Si vivant qu' Elle se recroquevilla contre lui et s’imagina l'enfermer dans son corp… Comme avant.
ACTE IV
- Ses bras enserrant le vide, elle se concentre pour se rendormir, pour « le retrouver » sur le lieu de leur rendez-vous, mais il ne revint pas.
Le coeur lourd Elle se réveille tout à fait. Il est six heure, de la rue monte le roulement des voitures, puis les sifflets du TGV de sept heures.Tout le bruit familier de la ville.
Déjà - Télé-Matin- annonce sa kyrielle de mauvaises nouvelles.
Alors, elle sort de son lit à regret, se fait un café, une tartine.
Le jour qui pointe sera comme la veille, et comme le lendemain…
Il n’y avait plus rien à attendre de "merveilleux"
Pourtant son corps la brûle parfois, malgré son âge. Dans sa tête, dans ce corps en décalage, il lui semble avoir 40 ans. Elle sait qu’elle pourrait encore vibrer dans les bras d’un homme... mais nul homme dans son lit.
Penchée sur son miroir elle voit son visage sillonné de rides: les griffes du temps qui passe. Son crâne apparait clarsemé de cheveux d'un blanc - blond. Ses reins et ses épaules sont trop rondes à son goût, et quelques douleurs vagabondes et sournoises martyrisent déjà son corps.
- "Avec le temps tout fout l’camp, qu’on ait été chouette ou tordue… tout est foutu, foutu, foutu» Il ne fallait plus y penser. Et surtout…
Ne plus écouter les mélodies de ce Léo Ferré qui lui parlait de "L’Amour fou" "Cette blessure" et surtout de "Ton style c'est ton cul... et c'est ton coeur"
Ne plus écouter cette belle voix forte et vibrante qui savait si bien chanter L’AMOUR.
MJ 1962 -2012 - Extrait de: Mes nuits sans sommeil
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Léo Ferré : " Ton style c'est ton cul, c'est ton coeur...
On voudrait revenir sur les pages où l'on aime,
mais les pages où l'on meurt sont déjà sous nos doigts.
Lamartine