Une nuit de Mars 2002
Récidive de la maladie ... La peur, le doute, le bilan,
Espoir et désespoir tout y est passé ...
Une longue longue nuit, sans sommeil !!
Cette nuit là .... J' AI VU.....
Dans un ciel qui ressemblait à l'enfer
De grands oiseaux sans yeux
Qui, de leur bec pointé vers la terre
Et
sortant de leur ventre sombre
Sur des enfants, des femmes, des
gens
Sans pitié pour ces
malheureux, aveuglément ...
Lâchaient des bombes**
J'ai
vu
Dans des abris glacés
Prier des petites filles, Te suppliant
Sans savoir, ni comprendre
De ne pas les abandonner
De protéger leurs parents. Te priant
A genoux, doigts croisés
Malgré la peur. Cœurs tendres
Se croyant "oubliées" **
J'ai vu
Des adolescentes devenir femmes
Seins fermes, courbes délicieuses
Courir follement dans la campagne
Fuyant les mains vicieuses
D'hommes, bafouant sans état d'âme
TA "créature " la compagne
Que de son flanc, TU avais levée
Pour vivre avec lui, en être aimée**
J'ai vu
Sur des écrans de salles obscures
De mauvais films, des reportages
Des cruautés de toutes natures
Des êtres qui n'avaient plus rien d'humain
De leur corps ont voyait l'ossature
De leurs yeux, jaillissaient des larmes de rage
Nus, sans aucune arme dans leur
main
J'ai vu
Des ventres gonflés par la faim
Des mouches manger des enfants
Des pierres projetées sur les reins
Des suppliciés. Des stades rouges de sang
En Ton nom, j'ai vu les pires crimes
Alha... Prophète...Boudha... DIEU
Ne voyait-tu rien. Du haut de tes cimes ?
Qui est-tu ? Alors Je doutais de Toi
Ecœurée à vomir, un soir
Je suis tombée à genoux, j'ai pleuré
Seigneur! Je ne veux plus voir
Je t'en prie, accordes-moi la cécité
Il me semble qu'entendre peut suffire
Toutes ces images gâchent ma foi
Et j'ai cru ... Echapper au pire
Fermé les yeux. Retrouvé ma joie
Le Réveil
J'ai si bien dormi cette nuit là...
Qu’au petit matin, le soleil lui-même
N'a pas daigné se montrer, là bas
Ni or, ni argent, ni terre de sienne
Nul horizon, ni commencement, ni fin
Rien qu'une forêt d'un noir intense
Tu m'avais exaucé. Je ne verrais plus rien
Et ma foi en Toi s'élevait immense
C'est
alors que j'ai entendu....
Chaque matin je regarde le ciel,
Chaque matin IL m'étonne
J'ai entendu
Des tirs en rafales, des cris de souffrances
Des bouches hurler de douleur
Des martyrs qui, croyant sauver la France
Offraient leur corps. Oh Seigneur !
Les chevaux de guerriers, hennissements
Martèlement des sabots, fuites éperdues
Grondement de chars. Peurs, hurlements
Horrifiée, impuissante.
J'ai tout entendu !
Alors que j'entrais dans des
villes...
Des
pleurs d'enfants,
"Qui ne voulaient pas"
Des plaintes: "Non, s'il te plait Papa..."
Des
suppliques de femmes serviles
Des
gémissements de bêtes battues
Je
souffrais de mille morts.
Guettant les bruits
Les
chuchotements:
– « Un peu de came ?
Terrifiée de tout ces malheurs de la nuit
Eperdument, noyée de mes larmes,
Je Te priais
- " Sauves ces pauvres gens"
Répond-moi ... Où étais-tu?
De la désespérance naît l'espérance...
C'est alors que je perdais l'esprit
Plus que ma foi. Et divaguait mon âme
Au bord d'une folie que l'on dit "parano"
Ne voulant plus rien voir, ni entendre
J'ai bu à la divine bouteille, des liqueurs***
Qui vous saoulent - Couches de cendres.
Prenant des amants - Amours sans douleur.
Errante dans d'étranges paradis
Jouant ma vie, roulette russe, casinos***
L'homme est solitaire lorsqu'il se damne
Désespérée, à genoux, je T'ai appelé
Buvant toute honte j'ai crié: Pardon !
Rends - moi la vue, l'ouïe... Les clefs
D'une maison qui ne sera qu’a moi
Où, à tout jamais, Tu auras ta place
Parce qu'ils disent que Tu es « Amour »
Moi vaincue. Toi l'invinsible. Face à face
Tu m'écouteras, car tu en as le don
Je le sais. Tu viendras à mon secours
Alors tout sera comme avant - Mieux qu'avant
Je verrai
Les nuages roses orangés des lendemains de pluies
J'entendrai souffler le vent. Les oiseaux dans leur nid
Chanter au lever du soleil.
Un soleil majestueux, sortir d'une mer d'argent.
Lui, tout auréolé d'or
Je verrai des enfants, dans des jardins fleuris
J'entendrai leurs rires égrainés de multiples accords,
Des Adolescentes se promener aux bords des plages
Insouciantes et rêvant de garçons. Fleurs bleues !
Des papas des mamans, Moi qui les regrette tant
Bien sûr, je souhaiterai avoir un autre âge
Je verrai
Mes chats alanguis, dormant sur la terrasse
Je Te rendrai
grâce.
Toi qui m'as faites qui je suis
Je t'offrirai mes souffrances, mes deuils, la maladie
Pauvres offrandes, moindres maux
Puissent-ils adoucir des destins. Je t'en supplie !
Je sais bien que tu seras encore un peu "distrait "
Que les afghanes subiront la cruautée des talibans
Que des enfants mourront sur des terres arides
Que d'autres s'enfuiront dans les bras de femmes
Impuissantes, sous le feu du napalm
Je ne détournerai plus mon regard…
Seulement…
Sur mon cœur,
Je déposerai un léger voile...
En
attendant…
L’Eternelle Paix
M Jolas
Texte écrit d’un seul jet durant quatre heures, mis en alexandrins au petit matin.
André Breton appellait cela : « l’écriture automatique »
Moi j’ai nommé cet instant « Un gros délire"
PS : Les "astérix " marquent des evênements vécus
personnellement.