Le 26 Novembre 1996, décès de Maman,
Juin 1971 décès de Papa
Je suis une "orpheline" orpheline je l'étais déjà dès mon plus jeune âge. Mieux que des mots REQUIEM fait comprendre nos rapports: Mère Fille. Photo souvenir d'une journée passée dans l'Yonne chez mon grand père. Une journées où l'on aurait pu croire que nous étions enfin réunies.
REQUIEM A MA MERE
Ainsi tu es partie, toute seule dans la nuit,
Verrouillant la porte qui ouvrait sur ta vie
As-tu eu peur ? As-tu eu mal ?
Qui a décidé la rupture fatale ?
Ton corps, ta tête, ton cœur ?
La mort est - elle douce ou glacée ?
Etait - ce un départ... une arrivée ?
Nul n'a tenu ta main pour franchir le néant
Cette mort brutale ressemble aux gifles de mon adolescence.
A tes refus, à tes écarts, à tes bras vides d'amour.
D'amour vrai, de cet amour que tout enfant demande,
Que nulle mère n'a le droit de refuser.
Cette mort un peu "méchante," ainsi je la ressens.
Mort sans pardon, infligée comme une dernière punition.
Cette mort qui pourtant me délivre, de tes rejets, de ton mépris.
Comment, si près de l'irrationnel as-tu pu m'insulter ?
Je revois cette dernière colère, les mots sortent de ta bouche,
Serpents venimeux, les mots font mal, les mots tuent.
Devant toi, vrillée dans ma douleur, j'ai du mal à croire,
Que cette harpie gesticulante et haineuse, soit ma mère.
Je me sens, larve gluante, affligée de vices honteux.
Enfance frustrée. Oh ma mère ! Amputée de toi,
Marquée à jamais, qu'attendais-tu de moi ?
Pourtant j'approchais de ton âge. Sur mon miroir
Mes cheveux blancs, mes traits fatigués, me renvoyaient ton image
Je ne voulais plus être ta fille: envie d'être ta sœur
Envie de confidences, de complicités
Envie de rire avec toi de tout ce qui nous avait séparées
Triomphantes guerrières de nos vies de femmes
Je me souviens: Orly, tu étais venus m'attendre, ai-je rêvé ?
Un grand éclair blanc, un voile qui se déchire,
Mon cœur éclate, je suis l'enfant prodige, je reviens de mes erreurs.
Tu es là toute petite, encore féminine dans ta robe mauve.
Je te trouve jolie. Je reviens de nul part, et tu attends mon arrivée.
Dans une émotion insoupçonnable je te serre dans mes bras.
Tu te défends; déjà tu reviens sur ta position d'intouchable.
Tu ne comprends pas ? Peut-être à cause de mon silence...
Les mots bannis depuis tant d'années n'ont pu franchir mes lèvres.
Bouclés les mots interdits, les "maman je t'aime".
Les "besoin de toi".
Devenue grand-mère à mon tour,
Une femme s'estompe au profit de l'enfant qui se cache.
Maman arrête de me repousser, accepte-moi telle que je suis,
Telle que tu m'as mise au monde , enfant solitaire et rebelle.
Non, je ne serai jamais à ton image ma mère.
Non, Je n'ai pas les défauts de mon père.
Je suis moi, simplement moi.
Conçue par vous. Toutes mes différences sont votre oeuvre.
Alors se pose la question; de quel rejet s'agit-il ?
De moi ? Ou de mon géniteur ?
Voilà bien des questions auxquelles tu ne répondras plus.
Tu es partie et me voilà presque délivrée de toi
Rompu définitivement le cordon.
Finis les " Je t'avais prévenue," les "Tu n'avais qu'à."
Bien sûr les bars, les restaurants, ce n'est pas un métier.
Mais j'avais envie de remplir les cœurs et les corps,
Moi l'affamée de tout. Je désobéissais.
Allez va, dors tranquille, j'ai bien souffert mes ereurs
Et si cela peut enfin te plaire, si je peux t'atteindre,
Je te demande pardon de ces mots que je n'ai jamais osé dire.
Va, dors sans remords, à jamais, je resterai punie.
Ta fille, Monique
Ecrit dans ce TGV Nice Paris le 27 Novembre 1996.
NOVEMBRE 2008
Aujourd'hui, douze ans que maman est décédée.
Je vis chacune de ses dernières heures. Toujours cette souffrance qui dors au fond de moi. Cet empoisonnement du cœur, mi amputation de mes sens. Dors ma souffrance, ne te réveille pas.
Ce serait peine perdue d'essayer, de vouloir tout comprendre. Maman est partie avec ses colères, ses secrets, ses non-dits.
Jalousie de femme ? Amertume ? Ou révolte de sa propre enfance volée ?
ELLE, l'ainée d'une fratrie de 6 frères c'est ma chère tante qui m'a dit.
Maman, nous avions si peu parlé nous deux.
Je suis née trop tôt, je suis partie trop tôt, et j'ai compris trop tard.
Tout est affaire de temps imparti, mal réparti.J'étais une vagabonde. En vain je t'ai cherché. Nos chemins se sont croisés. Sans jamais le vouloir, Â force d'espérer, je t'ai définitivement perdue. Voilà Maman tout ce que j'avais à te dire ce 26 Novembre 2008
Je ne peut te dire que je t'aimais, ce ne sont que des mots. L'amour est silence.
Si Dieu existe, qu’il nous accorde son pardon, nous fasse nous retrouver dans la Paix.
M JOLAS Extrait de: " Mes nuits sans sommeil"