ENFANTS DE LA GUERRE... et pour finir cette "trilogie" sur ce sujet
L'histoire de Gérald F...Que je rencontrais alors que je tenais une "conciergerie" dans un petit immeuble cossu de Nice. Le vieux monsieur récemment veuf, zieutait la fenêtre de ma loge et tout naturellement me demanda si je pouvais lui accorder quelques heures de services.
- Et oui... Les concierges sont toujours très demandées, et de ce fait gagnent très bien leur vie en plus d'être logée!! 65 ans en fin chômage technique une sacrée chance comme toujours, donc j'acceptais... Je compris très vite que Gérald, de son prénom aurait préféré me mettre dans son lit, il essuya un refus catégorique qui vexa son égo. Alors pour me garder malgré tout. Il prit une femme de ménage auquel il avait droit... et me nomma sa "gouvernante" m'offrit 500fr la semaine... pour déjeuner avec lui, puis revenir vers 17h pour une partie de rami: ce qui triplait mon salaire de concierge. Enfin un jour il me supplia encore de devenir sa femme. M'exposa sa situation et ses biens etc. Ce que je refusais brandissant telle une Marianne le drapeau de ma sacrée Sainte Liberté.
Alors Gérald devint thyrannique, jaloux, ne supportant ni moindre retard ni maquillage.
Il semblait même détester les femmes dans l'ensemble?J'appris qu'il avait rendu sa femme malheureuse, n'envisageant pas la présence d'un enfant. Elle mourût suite a L'Alzheimer (ce qui me fait penser que l'isolement et le silence son facteur de cette terrible maladie) -...Son comportement m'intriguait et donc je lui en fis part, nous eûmes de longues discutions. Lui me suppliant de ne pas le laisser seul, et moi lui expliquant que son comportement rendait insuportable notre "arrangement"
Sur mon insistance, Gérald me raconta la solitude de son enfance de petit berger avec pour compagnon un chien, seul au pied des montagnes de la Vésubie.
Son père appelé au front en 1914 en était revenu en 1918 … Retrouvant sa chère petite femme avec un enfant de 2 ans… Lui, Gérald… On imagine le choc. Situation que j'avais connu ayant un demi-frère, fruit de la guerre 39/40 !! Sur ce coup nous avions au moins un point commun ! A la différence que Gérald fût "reconnu pour sauver l'honneur... mais tellement battu…Battu pour un oui, pour un non. Sans jamais comprendre, jusqu’au jour où a bout de chagrin, de souffrances, et de servitudes : (Il dormait dans la bergerie et fût berger dés 13 ans ans) Sa mère soumise parce que fautive, ne l'embrassait que furtivement. Extrèmement malheureux, après une énième raclée, il décida de se pendre.
- C’est un voisin attentif qui le sauva et lui dit la vérité sur sa naissance et les raisons des méchancetés infligées par ce "père". Il lui dit : " Il faut partir mon petit, cet homme te déteste et finira par te tuer. Tu n’es pas son fils. Ta mère "a fauté" avec un allemand, pour lui c’est donc impardonnable, et c'est pour cela qu'il te nomme toujours "le batard" et nous qui connaissons ton calvaire nous sommes prête à t'aider et te loger.
Gérald quitta avec chagrin sa maman, mais ne lui pardonna jamais.
De ce récit je compris que les guerres étaient "l'ennemies des enfants"
.... Un an durant j'ai assisté Gérald, le rassurant sur le fait qui lui faisait le plus peur... que je l'abandonne, son obsession. En vain je lui promettais de ne jamais l'abandonner. Il devenait fragile et inquiet ou capricieux comme un enfant. Enfin il fallut l'hospitaliser après un deuxième arrêt cardiaque. J'allais le visiter à Cagne sur mer chaque après midi... Incrédule j'appris qu'il faisait de moi son "héritière" Mais qu'il avait vendu en viager ses biens à sa Conseillière Financière...Gérald à la fois aimait et détestait les femmes mais ne pouvais s'en passer. Y suppose.
Cette dernière fût plus maligne. A moi, l'héritièrel'Etat préleva sa part soit 60%.
Mais bon, mea culpa, j'avais refusé cette alliance en touteen connaissance de cause.
- Son dernier jour, je le trouvais "tuyauté » de tout côté et muet, me regardant désespérément… Devinant mon impuissance, l’infirmière me dit – "Vous pouvez lui parler car il vous entend "- C’est alors que ne sachant plus quoi dire... M’est revenue cette prière de mon enfance, ce "Notre père" tellement ancré dans ma tête... que je murmurais dans l’oreille de cet homme athée, amer, rancunier, et tyrannique…Comme "une extrême onction" moi, la catholique.
- " Notre père qui est aux cieux que votre volonté soit faites etc.... Pardonnez nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés…
- " Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés…
-" Pardonnez nos offenses comme…. Tel un mantra délirant.
- " C'est fini madame... Il n'est plus là... Moi qui n'aimais pas Gérald j'étais navrée, qu'il soit mort dans l'inquiétude... C'est alors que je voulu encore le rassurer, espérant follement qu'il m'entendrait peut-être - Je me penchais vers lui pour dire:
-" Tu vois, je suis toujours là Gérald, je t'avais promis, je suis restée... Ceci dit presque avec colère.
MJ.