Je reviens sur L'histoire d'André L. Et sur "Notre histoire".
André L. est le premier homme, devant qui j'ai posés : mes valises, ma fille et mon chien... Arrivant, de Paris... Gare de Nice. Au fil du temps, de plus, nous habitions, et travaillions dans le même quartier... Puisqu'il était écrit sur un grand livre ? Je ne sais où ?... que nos routes devaient se croiser !
Je raconte sur cet article ce que fut notre chemin d'enfer.
DOUBLE ENFANCE...de Julien CLERC - Une chanson qui résume bien notre point commun - André, Monique, enfants du divorce. La rencontre de deux adultes blessés maladroits, en quête d'amour.
En 1963 - André avait suivit sa famille expatrié d'Algérie. "des pied noir". Comme beaucoup ils s'étaient installés sur l'autre versant de la Méditerranée. De Blida, André avait du laisser ses amis d'enfances, ainsi que ces élèves, du fait qu'il était professeur de philosophie. Une rupture dont il ne guérira jamais.
A peine arrivé à Nice sa maman achète un bar bien situé près de la gare. Elle décédera en 1970 peu de temps après notre rencontre. C'est un grand enfant enfant en larmes que je bercerais toute une nuit. Peu après son beau père se remarie... André est "l'héritier". Beaucoup de souffrances. Comme moi, cette enfance difficile, si bien chantée par Julien Clerc.
André L. N'aimait pas le bar, encore moins la clientèle de comptoir. Laissant les serveuses derrière "le zinc". Lui dans l'arrière salle, jouait au cartes et autres jeux de dés dont l'enjeux était forcément des tournées d'alcool. Vers 19h, heure à laquelle le bar faisait le plein - Le "patron" bien allumé, il lui arrivait de chasser les clients du comptoir... les traitant d'ivrognes, un comble!! C'est bien plus tard que j'apprendrai qu'il souffrait de schizophrénie.
Entre deux ruptures, cédant à ses "pardons" j'acceptais de passer derrière le bar, et en cuisine. Parfois j'étais la "patronne" mais souvent moins que rien? Le jour où il me frappa, je décidais de le quitter. Bien que très amoureuse de ce "drôle de gugus"... Pour ne plus répondre à ses rappels. Je quittais Nice pour Paris... avec quant même un petite idée derrière la tête - Qu'il me rejoigne - Dans "ma ville"- moins ensoleillée, mais tellement plus vivante.
Ma fille ayant 15 ans, suivant son désir, je la laissais à Nice en attendant d'y voir plus clair. Retour à Goussainville... chez maman. A peine le temps d'ouvrir ma valise... Je trouvais un emplois à Roissy . Restauration à deux pas du tarmac.
LA LETTRE DE MA PETITE SOURIS
Chère maman, Hier André est venu me voir... Il est très malheureux. Il m'a demandé pardon de t'avoir frappée, m'a promis que cela n'arriverait plus jamais. Il va vendre le bar et vous pourrez aller où tu voudras toi. Il est vraiment sincère et je le crois. Alors puisque je sais que tu l'aime beaucoup, revient à Nice. Vous allez être heureux tout les deux.
Je t'embrasse très fort. Ta petite souris D...
RETOUR CASE DEPART : PARIS - NICE
Le temps de raconter un gros mensonge à ma mère (qui ne le cru pas) - Prendre un billet d'avion et me voilà de nouveau à Nice...
Euh… Je ne décrirai pas cette nuit là, mais j'assure qu'André fut très convainquant. Moi je fis de mon pire, puisque j'acceptais enfin de vivre chez lui - Un appartement au dessus du bar.
Ce fut idyllique durant à peine trois mois. Idyllique mais pas de tout repos. Je faisais l'ouverture vers 6h. arrivée de la serveuse vers 8h. J’allais au marché et passais en cuisine.
Pour André, Il était entendu qu’il resterait en dehors du bar, se soignerait (souffrant de calculs rénaux) au Vichy !! Descendrait pour déjeuner avez son fils chez la grand-mère du petit, ne reviendrait au bar que vers 17h.- Prendrait le relais assurant la fermeture. Tout était organisé pour le mieux avec la complicité de tous: Clients, famille.
Moi, angoissée, je naviguais entre mon studio et l'appartement. La rue, qui longeait la voix de chemin de fer étant très encombrée de voitures, je me cachait sur le trottoir d'en face, surveillais le bar, lorsque je ne voyais pas "mon homme" la serveuse complice me faisait signes, me désignant la cuisine ou le WC. Spectacle pénible: André devant la glace, crachait sur son image. Ou dans la cuisine... Il parlait à sa mère décédée... "Oui je sais, je suis un bon a rien, ton mari me l'a assez dit". En frappant sur les murs il se blessait.
Un soir que j'essayais de le maintenir il m'attrapât par les cheveux, me remontât ainsi jusqu'à l'appartement. La serveuse ayant fait appel à la police, je me retrouvais aux urgences bien amochée. Ce ne fut pas la seule fois. Et toujours il venait me rechercher, demandait pardon.
Quoi de plus insensé qu'aimer son amant, comme un enfant, un frère, et pire, jusqu'à vouloir n'être que son ami.
J’ai connu la honte, l’indifférence du milieu hospitalier, j’étais considérée comme la "maso du Select". Jamais le courage de porter plainte. De plus qu’André à jeun était drôle et gentil. Tous les clients l'aimait, pardonnait ces incartades, ce qui rendait difficile ma situation. "Dédé" était un personnage aux mille facettes.
C’est encore « un ange » qui me délivrera de cette emprise.
PS: Je prends une petite pause, le temps de rassembler, et minimiser des souvenirs qui furent les plus pénibles de cette " Drôle de vie" et qui, à force d'écriture viennent frapper ma mémoire.
Difficile exercice une biographie!! MJ.